samedi 18 avril 2015

LE GRAND ÉCRIVAIN CÉLINE… et moi, pauvre de moi, l’écrivaillon Jean-Pierre Raison

IL Y A DES JOURS OÙ JE ME DIS QUE JE FINIRAI COMME MONSIEUR CÉLINE ! 
Sauf que je ne suis pas Céline, mais un modeste écrivain, et que je n’habite pas une maison sur les hauteurs de Meudon (Hauts-de-Seine) avec à mes côtés « l’amour de ma vie » et des animaux de compagnie, dont un chat.
Pourquoi serais-je Céline (le pseudonyme choisi par Louis-Ferdinand Destouches, et qui correspond au prénom de sa grand-mère maternelle) puisque le prénom de la mère de ma mère est Marguerite ?
Pourquoi finirais-je mes jours dans une maison à Meudon avec ma dulcinée et un matou, quand j’ai toutes les chances de terminer ma vie dans une maison de retraite subventionnée (petite pension oblige), donc sans le sou (et sans le moindre droit d’auteur) ?
C’est-à-dire que je mourrai illustre inconnu et presque dans la misère, avec une petite œuvre qui passera à côté de la postérité, sinon abandonnée dans un recoin de mémoire numérique pour l’éternité (parce qu’Internet me semble bien parti pour disparaître après tout le monde grâce à je ne sais quel abri antiatomique au fin fond de je ne sais quelle galaxie).
Croyez-vous que pareille perspective soit de nature à me couper l’envie d’écrire ? Diable non ! Au contraire, j’ai acquis cette conviction que je suis porteur d’un chef d’œuvre (ou de plusieurs grands livres), et que le moment venu, il sortira de mes tripes. Déjà, vous sentez bien que ce blog annonce le meilleur, même si je me fais le plus souvent le porte-parole du pire.
Oui, plus le temps va passer, plus je vais me radicaliser. Progressivement, je vais entrer dans le dur, pour me rapprocher du périlleux, de l’infranchissable, de l’inéluctable. Quitte à risquer le tout pour le tout, je vais m’évertuer à « jerker sur le fil du rasoir ». Borderline, alors ? Non, tout schuss sur la crête, plein pot sur le verglas, à fond de train sur la voie sans issue, à moi la mort où je me tue !
Liberté d’expression, comme Charlie et tutti quanti ? Mieux que ça : désinhibition totale en courant les pires dangers, et sans faire de mal à personne (ou alors indépendamment de ma volonté). « Cause toujours, Raison, t’iras pas loin et tu l’auras dans l’os ! » Sans doute les filles, sans doute les mecs, mais il sera toujours temps de pleurer après s’être beaucoup marré.

Hier soir, ce matin, il y a un quart d’heure, je ne savais pas que j’allais écrire cela, et cependant je l’ai fait (en peinant comme pas permis !). Voyez bien que tout est possible, et que ça ne coûte rien de le dire.  
Vous savez quoi pour finir ? Ces lignes ne valent rien, mais rien ne vaut Céline. Qu’y puis-je ? Ça ne m’empêchera pas de dormir, comme ça ne m’empêchera jamais d’écrire. 
Faites le 15 et appelez le SAMU si ça vous chante. Moi, je suis serein, conscient, conséquent avec moi même, je suis ma route et je n’en dévierai jamais… 
Je vous demande juste une petite faveur : n’en dites rien à mes proches, il y a belle lurette qu’ils sont au courant. Ma mère n’a jamais cessé de me répéter : « Toi, t’es pas comme les autres ! » Ça l’affligeait et ça m’étonnait de la voir dépitée. Bon, c’était des mots sincères, sans gravité excessive, qui m’attristaient cependant, car venant de « ma chère et tendre maman ». Quand, un beau jour, elle est allée jusqu’à lâcher cette apostrophe : « T’es moitié fou ! », cela aurait pu finir par m’inquiéter, sauf que « mon franc et malicieux père » (auquel je ressemble, dit-on) qui passait dans les parages au même moment, ne put résister à l’envie de lâcher cette interjection : « Moitié ! » Je ne les ai jamais autant aimés depuis, même si je les ai aimés encore davantage quand en d’autres circonstances (un chômage qui persévère et une folie d’écrire qui s’aggrave), ma mère a eu le cran de m’avouer, à voix douce, combien je les désolais, à travers cette simple phrase : « Si c’était pas toi, on serait heureux ! » J’ai beau être dur au mal que peuvent faire les mots, vu que je ne me prive pas toujours d’en user et d’abuser de leur pouvoir dévastateur, j’ai si bien encaissé le coup que je m’en souviendrai à vie, y compris aujourd’hui où mes parents sont à jamais disparus. Comme Sisyphe, cette pierre qui roule en moi et me retombe dessus indéfiniment, me damne, et me condamne à les aimer aveuglément, mais je me dis en même temps ceci : « Si je n’avais pas su cela, vous ne pouvez pas vous imaginer comme je serais malheureux ! »

À plus joyeux, encore que la joie ne soit rien comparée au bonheur…

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