Non, je ne suis pas en train de dédicacer mon livre. Les signatures, ce n’est pas mon fort. La faute à cette putain de « crampe de l’écrivain » (voir page 154 de mon livre) qui m’empêche d’aller à la rencontre des lecteurs. D’où le mal que je me donne par ailleurs pour promouvoir mes ouvrages et, accessoirement, me faire connaître.
Non, ici, je pose pour un pigiste du quotidien régional « Presse Océan », journal où j’ai moi-même sévi, en tant que correspondant, à la charnière des années 80-90. Mon interviewer s’appelle Franck Redois, et il gagne à être connu (mais il ne gagne pas gros avec ses piges ; s’il mange à sa faim, il doit se contenter de clopinettes, mais des clopinettes made in France, et bio par-dessus le marché).
Ici, nous sommes au Café de L’Écluse, à Nantes, où l’ami Franck m’a donné la confession tout en recueillant mes confidences, et d’où il a tiré le beau papier qui suit :
NOTA. Franck et moi, nous avons pris un verre (plus exactement, deux consommations : une première, avec, pour lui, un Cola zéro, et pour moi, un café allongé, puis une seconde, avec chacun un Cola zéro). Après cette banale info, voici le scoop : c’est moi qui ai payé les deux additions. Pourquoi insister là-dessus ? Parce qu’un écrivain se soucie toujours du détail, quand le journaliste pêche parfois par approximation. Mais la chose à retenir est celle-là : je n’ai pas pour autant acheté Franck, qui est incorruptible. S’il devait monnayer ses services, vu son art de poser des questions (et sa manière de restituer les réponses), il serait hors de prix. Pour mettre fin à ces considérations bassement mercantiles, on se limitera à cette conclusion : cet homme vaut de l’or, et moi je n’ai pas d’argent à revendre.
Après avoir lu et relu mon article, je ne vois pas trop ce que vous pourrez en dire, mais je vous soupçonne de penser ceci : « Ce Jean-Pierre Raison ne manque pas d’air. Si “son” pigiste a réussi un exploit en troussant un papelard digne des papiers peints les plus fashions, tels ceux du couturier Christian Lacroix ou de la décoratrice Nina Campbell [Soit dit en passant, chez les Campbell, je préfère le top model Naomi à la papesse du design d’intérieur Nina — les jambes de Naomi, waouh !], permettez-nous de douter de la qualité de son propre ouvrage, “La ballade d’un idéaliste”. »
Vous me condamneriez donc avant d’avoir pris connaissance de mes textes ? Ce n’est pas bien ça ! Indignes de vous qui, pour la plupart, ne manquez ni de retenue ni de justesse. Pour éviter un regrettable malentendu, je vous dois une explication. Pourquoi ai-je tant tiré à la ligne sur un sujet (la singularité de « mon » pigiste) qui, à vos yeux, ne le méritait peut-être pas ? Pour vous démontrer qu’on peut écrire un post qui finirait par partir en sucette, alors qu’on est l’auteur d’un livre dont le destin pourrait prendre une bonne tournure, puisqu’il a des chances d’obtenir le Goncourt, le Renaudot ou le Femina, voire le Prix de la nouvelle de l’Académie française, et de déboucher sur la célébrité, la richesse et la gloire.
Il n’est pas interdit de rêver, n’est-ce pas, surtout en ces temps (illusoires ?) où un jeune loup de 39 ans vient de prendre le pouvoir en France en accédant à la présidence de la République — et de quelle manière ! —, jusqu’à s’imaginer en sauveur d’un pays vermoulu et d’une société corrompue. Lui, notre sauveur ? Inaccessible espoir ? Toujours est-il que je lui trouve une belle gueule de Christ. Ne lui reste plus qu’à porter la barbe et les cheveux longs. Est-ce à dire que la couronne d’épines lui irait comme un gant ? ARRIÈRE BLASPHÉMATEUR ! ARRIÈRE SATAN ! Mes frères satiriques de « Charlie Hebdo » ont été kalachnikovisés pour moins que ça. Je file de ce pas à l’église de mon quartier, dénommé Saint-Pasquier, afin d’implorer le pardon du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et de prier jusqu’à épuisement, ce sera là mon châtiment pour ce crime de lèse-divin Jésus, amen.
À bientôt, j’espère…
Sinon, rendez-vous au Paradis des imprécateurs ?
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