lundi 1 mai 2017

Lettre ouverte à JEAN-MARIE LE PEN

Puisque M. le père de Marine Le Pen s’ingère, à petits pas mais de plus en plus, dans l’entre-deux tours de la Présidentielle 2017, j’aimerais que sa fille bien aimée, Marine, prenne connaissance de la Lettre ouverte à Jean-Marie Le Pen que j’adressai au quotidien Libération, à la fin du mois de juin 1984, et que le journal publia dans sa page « Courrier » (page 30), le vendredi 6 juillet 1984. 
À cette époque, la jeune Marine Le Pen, qui avait 16 ans, ne se doutait sans doute pas qu’en 2017, elle serait en finale du concours d’accès à la magistrature suprême. En revanche, pour moi, en ce milieu des années 80, il n’était pas question d’accéder à quoi que ce soit. Je me débattais désespérément dans un chômage de longue durée qui m’enlisait et dont je ne voyais pas le bout. C’était donc la galère, pour ne pas dire l’enfer. 
D’où mon cri de désespoir, plus qu’un appel au secours, dans cette lettre ouverte à M. Jean-Marie Le Pen (JMLP).

Pourquoi lui ? Parce qu’il était déjà le plus sulfureux des hommes politiques, celui par qui le scandale pouvait arriver. Mais aussi parce que, au-delà de tout ce qui se disait sur lui, il se dégageait de ce personnage haut en couleur, à la fois rustre et cultivé, quelque chose qui, à mes yeux, s’apparentait à de l’humanité.

Pourquoi sous cette forme, un humour plus vache que noir ? Parce que j’excelle dans cette ironie-là, et que je me suis régalé en écrivant ce courrier aussi drôle qu’attendrissant. Oui, quand on est sans emploi, et que l’on touche l’allocation de solidarité, la vie est si terne que tous les moyens sont bons pour se sortir d’un quotidien morose et débilitant.
Là, je vous renvoie à mon livre, Quand j’étais chômeur
publié aux Éditions du Net, en 2015 :

La lettre que vous allez lire et qui remonte à 33 ans, je pourrais à nouveau l’écrire, et de la même manière, ici et maintenant, en 2017, puis l’adresser à la fille de JMLP, Mme Marine Le Pen. Laquelle, derrière son côté militariste « à la papa », est également une femme de cœur et de raison, de l’ordre du moine-soldat, militante inconditionnelle d’un parti dont elle est la chef indiscutable… jusqu’au prochain coup d’État.
Attention ! Ne me dites pas que je suis en train de lui faire allégeance et de l’admirer, parce que si je devais déclarer ma flamme à notre MLP nationale, avec la plume qui est la mienne quand j’ai décidé de mettre le feu au cul du Landerneau politico-médiatique de Bretagne et d’ailleurs, croyez-moi, ce serait atomique, ce qui veut dire qu’aucun individu n’y survivrait, moi le premier. Or, vu mon âge quasi canonique, je n’en mourrais pas de crever. 
Pour les Martiens, voire les humanoïdes, qui, sans coup férir (et en se marrant), prendraient possession des lieux à la suite du chaos apocalyptique que j’aurais déclenché — une France synonyme de champ de ruines contaminé —, je serais un imbécile providentiel. Pour mes congénères de l’humanité restante, je ferais figure de héros. Oui, d’un héros « con comme la Lune », celui qui s’est pris pour le sauveur de son pays en le réduisant à néant, qui croyait impressionner le monde entier, et qui est devenu la risée de la planète. Ainsi vont les héros : ils mènent en général davantage de gens à la catastrophe qu’ils n’en sauvent. Pourquoi ? Parce que l’avers d’une médaille est souvent aussi mortel que son revers. L’ennui, c’est que l’on ne s’aperçoit du désastre qu’après, et que plus personne n’est là pour dire « c’était mieux avant », car il n’y a plus aucun survivant, du moins dans le cas qui nous occupe : une France réduite à sa plus simple expression, définitivement exclue de l’univers. Pauvre héros, mort la gueule enfarinée, qui ne peut même pas contempler sa calamité ! L’on ne dira rien des héros qui subsistent après leur coup d’éclat. Ceux-là, non contents d’avoir joué avec la vie de leurs semblables, polluent nos mémoires et encombrent les livres d’histoire. Fermer le ban ! 
Abscons tout ça ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, ne répétez pas ce qui précède, une multitude d’hommes et de femmes rêvent de devenir des héros (à cause de la médaille, bien sûr !), et c’est pour cela qu’ils s’imaginent en bienfaiteur de l’humanité. Et c’est ainsi qu’ils prêchent la paix… en se battant pour elle. Mais, si l’on faisait la paix entre nous, la France serait-elle pour autant un paradis sur terre ? Je ne le crois pas, car aujourd’hui, alors que nous sommes à terre à cause de nos déficits, et que nous devrions rester tranquilles, on se paye le luxe de nous quereller, de se faire la guerre entre Français pour élire un(e) président(e) de la République qui compte pour du beurre et qui, comme les précédents, n’aura que des épinards à nous offrir.
Bon, on arrête la rigolade, revenons à JMLP et à cette lettre qui risque de vous faire pleurer, je vous prie de m’en excuser.


Pour mieux comprendre cette lettre abracadabrantesque (merci M. Dominique de Villepin, poète préféré des muses et des retraités de « La croisière s’amuse »), reportez-vous aux pages 78-80, ci-dessous, de mon livre intitulé L’écriture est une drogue dure — publié par Les Éditions du Net, en 2013 — où elle est reproduite.
Ce témoignage émouvant ne restera sans doute pas dans les annales du Front National, mais il pourrait marquer ceux qui me feront l’honneur de le lire. En tout cas, reconnaissez que, republiée au plus fort de l’élection présidentielle 2017, ma supplique à Jean-Marie prend une couleur et une saveur toutes particulières. 

Un aperçu de ma salle de séjour
dans son savant désordre.

J’ai beaucoup parlé des Le Pen, mais rien dit du Macron (je laisse tomber Madame Brigitte, sur laquelle on aura sûrement l’occasion de revenir si son preux chevalier s’empare du trône de France). 
Ce silence est injuste, je dois respecter le sacro-saint temps de parole. Alors, le jeune homme va en avoir pour son grade. Pour ce diablotin sorti de je ne sais quelle boîte de Pandore, et qui a fait ses classes financières dans une banque qui n’a jamais craché sur le Veau d’or, nous allons innover en utilisant une police de caractère italique dont le propre est de pencher vers la droite, comme lui, « The » Macron, bien qu’il prétende se situer au milieu, droit dans ses bottes comme un Romain dans son armure, tout en lorgnant sur sa gauche pour avoir l’air progressiste, et Dieu sait s’il progresse vite l’énarcho-traficoteur de concepts éculés !
Je vous entends trépigner : « Allez droit au but, Mister John-Peter Reason, cessez de tourner autour du pot, entrez dans le vif sujet, emparez-vous de ce paltoquet, dites-nous comment vous le percevez notre Zorro national ? »
Eh bien, voici… Curieusement, depuis sa victoire au premier tour, je vois en sa personne un pète-sec sûr de son fait et dominateur, comme s’il y avait en lui quelque chose du « facho* ». Walls est de tendance autoritaire, pas plus, tandis que lui, ce perclus d’ambition, il respire l’ordre sectaire, tendance maçonnique. Macron, Maçon, même ciment, même truelle, même combat ! À moins qu’il ait flirté avec l’Opus Dei [L’Opus Dei ou Œuvre de Dieu, est une très influente organisation rattachée à l’Église catholique et présentée comme rivale du Vatican, au point, parfois, de contester le Pape.], ce qui paraît peu crédible, puisque ce damoiseau (Ô Brigitte, que vous avez de la chance !), qui a pourtant une tête de chérubin pâlot évadé de la crèche de l’Enfant-Jésus, et des allures de prêtre paroissial couvé par une dame patronnesse, semble étranger à la religion, jusqu’à se définir comme un laïc pur et dur. Bizarre, bizarre, ce vieux trentenaire ! Il faudrait regarder ça de plus près, parce qu’après il sera trop tard.
* « Facho », quésaco ? Pas fasciste au sens mussolinien, et encore moins hitlérien, « facho » au sens de ces farouches opposants aux illuminés de Mai-68, de ces fiers-à-bras qui cassaient du « gaucho » et se situaient du côté des CRS qualifiés de SS. Non, je fais allusion à ce fascisme bon teint, donc le vrai de vrai, qui prend racine dans les couches moyennes d’un pays. Méfiez-vous, le fascisme est, a été et restera un phénomène insidieux qui, comme une mayonnaise, peut monter très vite et très haut, à l’égal de ces mouvements de masses que l’on dit populaires.

Voilà, mes amis. Si je ne me suis pas donné des verges pour me faire battre, je veux bien être pendu, mais pas en place de Grève (actuelle place de l’Hôtel-de-Ville), dans la cour du Palais de l’Élysée, devant toutes celles et tous ceux qui ont plaidé en ma faveur, sans réussir à obtenir ma grâce. Mais qui, au juste, était au pouvoir au moment de ma mort ?

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Voir aussi mon post du 15 novembre 2014, intitulé : 
« Lettre ouverte à Jean-Marie LE PEN (souvenirs d’anciens combattants) »

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